Coté paysan

Un paysan est une personne tirant des ressources de la nature proche de son habitat. Il peut adopter ou subir une économie de subsistance. Il peut être amené à se déplacer d'une manière saisonnière dans d'autres « pays » par exemple vers des pâturages qui font défaut à ses bêtes . Il façonne son environnement (et indirectement le paysage) par ses différents prélèvements, apports, aménagements, plantations, etc. Ses activités sont souvent multiples : élevage, cultures, maçonnerie, artisanat et, accessoirement, commercialisation de ses excédents de production. (wikipédia)






quelques photos de beaucerons au travail sur troupeaux (ovins, bovins, caprins)

envoyez les vôtres !





Article paru dans la Revue du Beauceron (1° trimestre 2013) écrit par un paysan éleveur de bovin :

BEAUCERON LE RETOUR

Une certaine demande pour des chiens de troupeau Beaucerons, se renforce aujourd'hui chez les agriculteurs, en vue d'une utilisation sur bovins allaitants.

Les raisons sont de plusieurs nature.

  • Tout d'abord, une très classique : l'envie d'un chien imposant et impressionnant à l'entrée de la cour.

Plus personne ne veut de "chien méchant" mais un certain nombre veut encore qu'il y ait au moins le doute.

Force est de constater que méfiance et distance envers l'inconnu, citées dans toute la littérature concernant nos chiens de berger, passent aujourd'hui pour de la crainte ou une mauvaise sociabilisation et donc s’amoindrissent de plus en plus dans la sélection.

Est ce un bien ?

Personnellement, je préfère des chiens de caractère et des gens responsables que le contraire ! (des gens qui cherchent à diminuer le caractère en le dénaturant, plutôt que d'assumer un chien de berger)

Le Border Collie (race majoritairement utilisée au troupeau aujourd'hui, ndlr) par sa propension à faire le tour de la voiture en silence pour tâter les mollets du visiteur, nous laisse une place privilégiant la dissuasion, pour peu que nos chiens conservent un minimum de caractère gardien et utilisent un peu leur grosse voix.

Concernant plus directement le travail,plusieurs raisons cohabitent qui n'ont pas toutes les mêmes exigences :

  • Un peu de saturation vis à vis de l'omniprésence du Border

  • puis, pour certains l'envie de se confronter à une autre expérience de dressage avec une race réputée plus difficile.

  • La dernière et la plus importante, est, pour certains, le fait d'avoir approché au travail sur vaches allaitantes, les limites des capacités a l'affrontement de Borders (somme toute pas vraiment sélectionnés pour ça) pensant avec une race plus imposante obtenir une victoire plus facile.

S'il est vrai, que par sa stature, le beauceron possède de prime abord, un petit avantage d'impression, il faut savoir que ce présumé avantage peut très vite se retourner contre lui et qu'il est donc important pour ne pas souffrir de déception, de bien comprendre les exigences de la fonction.

Un Border, par son attitude de chien d'arrêt, induit chez les vaches des hésitations, des retards à l'allumage dans l'agression, que l'arrivée en fanfare d'un Beauceron ne permet pas d'espérer.

Si donc un beauceron génère une relation plus violente, encore faut il qu'il soit capable de l'assumer et d'y répondre victorieusement.

Pour cela il nous faut définir les qualités qui lui sont nécessaires :

  • Le courage et la passion, ne peuvent se passer l'un de l'autre.

  • L'envie d'aller au troupeau, est encore heureusement bien présente chez certains de nos chiens mais pas chez tous et c'est un premier facteur d'élimination.

La morsure naturelle basse au talon est quasiment inexistante chez le beauceron et les tentatives hautes présentent entre autres inconvénients, plus de risques que les coups de pieds et ruades atteignent leur but.

  • Il faut donc un chien supportant la douleur des mauvais coups tout en gardant l'envie d'y retourner.

  • Pour que cela ne devienne pas une habitude, il nous faut un chien rapide et adroit. Là, force est de reconnaître que les "gros gabarits" ne sont pas à leur place.

L'action déterminante en terme de maitrise du lot est l'affrontement de face.

Dites vous bien qu'un lot, ou même une seule vache qui charge, c'est autrement plus impressionnant qu'un homme d'attaque.

Le vrai bon chien se révèle dans cette action et les meilleurs mordent au chignon, entre les cornes. Vous comprendrez donc que la mobilité et la rapidité seront essentielles à cet instant précis.

C'est la conscience de sa supériorité en vitesse et mouvement qui lui donnera le courage de porter son assaut pour finalement rester maître du terrain.

Comme nous n'aurons pas, ou si peu, la satisfaction du mordant pour se donner du courage, on évitera les nerveux qui quelquefois spectaculaires n'ont pas le fond suffisant pour assumer la dureté du métier.

  • Personnellement, je les souhaite vifs et forts, pour être stables et solides, tant mentalement que physiquement.

Si les réflexions qui fleurissent ça et là dans les campagnes sur les chiens "à papiers"; ou sur les chiens de compétiteurs, qu'il faudrait éviter comme la peste, ne reposent sur aucune analyse sérieuse, elles sont malgré tout le reflet de priorités données en sélection, à des éléments trop loin de ces besoins respectables et fondateurs.

L’honnêteté nous forcera j'espère, face à une demande pour ce type d'activité, à bien réfléchir pour savoir si nous sommes capables d'y répondre ou s'il ne vaudra pas mieux s'abstenir, plutôt que de décevoir et faire du tort à une race qui n'a pas besoin de ça.

Bernard Tonin

éleveur de bovins et ovins, plus quelques Bergers Français



nos chiens au travail, quelques exemples :

les chiens de Benoît Voisin 
 
Diva (dite Dali) et son fils Illous du Berger Ancestral (ici âgé de 12 mois)

 Galopin, Berger des Pyrénées et Illous

Benoît garde un troupeau de brebis Solognotes sur les espaces naturels de la ville d'Evreux.
Nous voyons là l'utilisation traditionnelle du beauceron, pour contenir des brebis en pâturage dans des espaces non clôturés : les chiens font la "rive". Ils patrouillent le long du troupeau, suivant les limites indiquées par le berger.
Le travail de rive est une aptitude naturelle chez le beauceron, recherchée et fixée par les bergers, dans leur sélection des meilleurs chiens, répondant aux besoins de la conduite pastorale des troupeaux.
Le chien fait la rive naturellement, dès qu'il a un peu de maturité au travail, sans qu'il soit besoin de lui apprendre ni de lui donner un ordre (cette aptitude et son expression, restent variables selon les individus)
Les vidéos de Benoît nous permettent d'admirer l'expression parfaite des qualités spécifiques du beauceron, trop ignorées des beauceronniers d'aujourd'hui. 

sur ovins, bovins, caprins








Uly de la Prahas berger de Beauce travaille sur... par Roxpaille





une contribution d'Anne-Marie (parue dans la revue du premier trimestre 2011)


Je vous présente Ulix

fils de Pruneau (dit Pilou) sur Osiris (dite Kido) de la Prahas)

Ulix n’est pas un chien de concours. Mais il est ma providence dans notre exploitation laitière. Son parcours c’est l’étable avec 155 vaches laitières.

Ses obstacles sont les caillebotis et les logettes avec un tapis et des barrières.
La salle d’attente n’est pas une salle à part, mais fait partie de l’étable, donc avec des logettes et des caillebotis. Pendant que je nettoie les logettes, il contient les vaches en salle d’attente. Je suis obligée de revenir vers lui pour fermer les barrières : c’est dommage qu’il ne puisse pas le faire !


Après il guide les vaches en salle de traite (2x10 vaches)

La difficulté du parcours est que s’il est trop brusque les vaches glissent sur le caillebotis et tombent. Comme le beauceron est un chien qui cherche le contact, ça a été la difficulté au début. S’il ne fait rien, elles ne bougent pas. Donc il doit être présent, bien placé, prudent, mais réagir si elles ne bougent pas. Dans ce cas il aboie, avance et ne les quitte pas des yeux.



Il connaît bien les bruits de salle de traite. Si je sors des vaches il se prépare pour faire entrer la suite. Si les dix vaches sont entrées, il se repose, pas avant, donc il sait bien compter.

Il travaille soit sur initiative soit il attend un signe de moi pour démarrer.


Ses ordres sont : à droite, gauche, stop, doucement, d’eruit (recule en Hollandais qui est ma langue maternelle), assis, klaar (fini en Hollandais)

D’autres travaux :

Contenir des vaches, par exemple quand une vache est dans le box de parage. Les autres sont curieuses et viennent nous embêter. Ulix sait bien les faire reculer de sa propre initiative.

M’aider à séparer une vache. Les vaches le respectent bien. Pour mériter ce respect il s’impose, il aboie, et si c’est nécessaire il pince une vache au nez ou au talon.

Normalement les vaches se lèvent si Ulix arrive. Parfois une vache ne se lève pas, alors Ulix m’attend : la vache est peut-être malade. Si Ulix est trop brusque la vache se lève trop vite et ça peut risquer une blessure, surtout quand elle est faible et c’est très embêtant. Ulix le sait. Si je le guide ça va super bien. Si la vache ne se lève pas avec l’aide d’Ulix, il vaut mieux chercher du matériel pour la lever.

Certains jours, les vaches sont plus lentes. Comme moi, Ulix manque de patience, et il les pousse un peu plus.

Si c’est l’heure de la traite, il vient me chercher. En dehors des 2 traites quotidiennes, il reste autour de la maison, sauf s'il m'entend m'occuper des vaches : il vient m’aider.

De temps en temps il vient me voir en salle de traite, et il frotte sa tête contre mes jambes. Sans lui dans l’étable je me sens nue.

Il travaille super bien à l’intérieur, dehors je ne peux pas autant compter sur lui. Comme nos vaches ne sortent pas ce n’est pas nécessaire.

À part au printemps passé. Dans la nuit, une barrière s’était ouverte et une trentaine de vaches se sont retrouvées partout autour de l’étable, dans le jardin, dans le pré, dans le couloir des mangeoires. C’est ma chienne Osiris (dite Kido, aujourd'hui décédée) de la Prahas âgée de 12 ans et à la retraite qui a cherché et rentré toutes les vaches avec mon aide et celle de mon mari. Elle a fait un super bon travail.

J’aime mon travail, et avec mes chiens c’est une petite fête tous les jours.

Anne-Marie Evers


si vous avez envie de nous faire partager vos moments de travail avec votre chien, vos contributions seront les bienvenues ...



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